De la peur à la confiance : le parcours de Gabriel avec le Clubhouse de Nantes

Partager cet article :

Dans le cadre de la campagne autour des 5 ans du CLUBHOUSE de Nantes, ils ont demandé à l’un de leurs membres de leur parler de sa situation avant son inscription au CLUBHOUSE et ce que le CLUBHOUSE a changé dans son parcours.

 

AVANT

Nous sommes en février 2023, et tu remets ton dossier d’inscription au Clubhouse de Nantes, peux-tu te présenter ?

Bien sûr. Je suis Gabriel, j’ai 34 ans à l’époque, et mon psychiatre, qui me connaît depuis 5 ans, vient de m’annoncer que mon arrêt maladie durera aussi longtemps que je n’irai pas bien. La dernière fois qu’il m’a annoncé cela, j’ai passé 3 ans sans pouvoir travailler, donc je balise un peu.

Le travail, c’est toute ma vie. Mais là, je n’arrive plus à rien. J’ai passé toutes la période de Noël planqué dans la salle de sieste, à me mettre la rate au court-bouillon en imaginant finir sous un pont, en pensant que j’étais un bon à rien. Du coup, quand je bloque mon PC, c’est la panique totale.

Arrêt maladie et vacances forcées, mais toutes les vacances je suis au bord des larmes. Le 6 février, j’annonce à mon psychiatre que j’ai peur de ce que je vais faire si je reprends le boulot, mais que je dois reprendre. Les collègues ont besoin de moi, je peux pas les laisser tomber.

Lorsque finalement je comprends que je ne pourrai pas retourner travailler, je décide de m’occuper d’une autre manière, afin de montrer que je ne suis pas en train de dévisser,  que je reste fort, que je peux travailler, et le CLUBHOUSE de Nantes m’ouvre ses portes.

 

APRES

Faisons un bond dans le temps, nous sommes maintenant en septembre 2025, et tu fêtes ton anniversaire, peux-tu nous présenter qui tu es devenu ?

Alors je suis toujours Gabriel, je viens d’avoir 37 ans, et la dernière fois que j’ai vu mon psychiatre, je lui ai dit que je me sentais suffisamment bien pour essayer de diminuer mon traitement.

Je fête mon anniversaire avec une amie que j’ai rencontré au Clubhouse, on va faire du shopping. C’est étrange, pendant toutes ces années je ne me souciais pas du tout de mon apparence corporelle ou de mon hygiène, et là je vais faire les boutiques pour me sentir beau. J’écris une nouvelle poésie, comme tous les jours depuis 1 mois, et la montre à mon amie.

Même si elle critique ce que j’écris, j’ai appris que je devais écrire pour moi-même et pas pour l’approbation des autres. J’en profite pour me rendre compte que concernant le travail aussi, j’ai toujours cherché les louanges avant de faire quelque chose qui me plaît vraiment.

Et ce qui me plaît, c’est les relations que j’ai tissées avec les membres du Clubhouse, des relations d’entraide et d’écoute empathique, de pair-aidance. Des relations qui ne sont pas verticales, de soignant à soigné, mais où chacun participe quelque soit sa compétence supposée.

Je ne sais pas encore ce que je ferais plus tard, mais je ne suis  pas pressé. J’ai le temps, et j’ai une bonne idée de là où je veux aller.

 

AVANT / APRES

C’est une sacrée évolution. Si le toi de 37 ans devait dire quelques mots au toi passé, que dirait-il ?

Je ne sais pas trop, le moi passé restait très traumatisé par les premiers épisodes de la maladie, l’arrêt de 3 ans que j’évoque plus tôt. Il ne savait pas tout ce qu’il pouvait faire et croyait que la vie serait finie si il perdait son travail.

Je crois que si je devais dire quelque chose à ce moi passé, ce serait de cesser de préjuger de ce qui allait arriver. J’ai perdu mon emploi, ce n’est pas la fin du monde. Mais surtout, j’ai essayé des choses que je n’aurai jamais connues sans le clubhouse, et j’ai trouvé plein de bienveillance. Plus important, je me suis surpris. Donc, moi passé, prends confiance dans tes ressources et ouvre tes portes, même sans savoir sur quoi elles donnent. Et gardes espoir, c’est le plus précieux cadeau que nous puissions nous faire, toi et moi.